Aujourd’hui, nous savons que le cœur est la pompe qui alimente notre corps en sang. Mais cette évidence est le fruit d’une histoire scientifique longue et semée d’erreurs. Pendant des siècles, les médecins les plus érudits se sont mépris sur le rôle du cœur, donnant naissance à des croyances étonnantes. 

 

Des dissections trompeuses 

L’un des plus grands obstacles à la compréhension du cœur fut… l’observation elle-même. En disséquant des animaux ou des condamnés, les savants retrouvaient les artères vides de sang. Ils en ont conclu qu’elles transportaient de l’air. Quant au foie et à la rate, regorgeant de sang post-mortem, ils furent considérés comme les organes clés du transport sanguin. Ces erreurs ont longtemps brouillé la compréhension du système circulatoire. 

 

Des hypothèses à tâtons 

Malgré ces biais, certains ont pressenti que le cœur jouait un rôle central. Au IVe siècle av. J.-C., Hérophile d’Alexandrie décrivait la palpation du pouls, sans en comprendre le sens. Plus tard, Érasistrate identifiait les valves veineuses. Mais c’est Galien, au IIe siècle ap. J.-C., qui posa les premières bases d’une description précise du réseau sanguin, même s’il se trompa encore sur la fonction des organes : pour lui, le sang était produit par le foie à partir des aliments, et circulait jusqu’aux extrémités pour s’évaporer. 

 

Les découvertes ignorées d’Ibn Al-Nafis

Il fallut attendre le XIIIe siècle pour qu’un médecin arabe, Ibn Al-Nafis, décrive pour la première fois la circulation pulmonaire et le rôle des artères coronaires. Ses travaux, pourtant révolutionnaires, restèrent méconnus pendant près de 700 ans, jusqu’à leur redécouverte au XXe siècle. 

 

Un long chemin vers la vérité

Le concept même de la circulation sanguine ne fut définitivement établi qu’au XVIIe siècle grâce à William Harvey. Il démontra que le cœur fonctionnait comme une pompe, envoyant le sang à travers un réseau fermé d’artères et de veines. 

Cette lente et laborieuse quête de compréhension nous rappelle combien la médecine a avancé à petits pas, souvent contredite par des siècles de croyances et d’erreurs. Ce que nous savons aujourd’hui du cœur n’a pas toujours été une évidence. 

 

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